Livre sur la précocité : Les surdoués ordinaires, Nicolas Gauvrit
Notre note : 5/5
Les surdoués ordinaires : résumé de l’éditeur
« Les surdoués ordinaires : Les enfants surdoués sont mal adaptés, trop intelligents pour une vie simple et épanouie. Beaucoup échouent à l’école, sombrent dans la dépression, ou développent une image d’eux-mêmes dévalorisante. Sensibles et pleins d’humour, passionnés et logiques, ils utilisent leur cerveau démesuré pour résoudre des problèmes insolubles au commun des mortels. Tout cela, parents et enseignants, ou simplement utilisateurs d’internet et lecteurs de sites d’informations psychologiques, nous le « savons » bien, ce sont même des lieux communs… mais est-ce pour autant la vérité ? Pour y répondre, il faudra plonger dans la psychologie et y découvrir un monde complexe, grouillant de découvertes et d’hypothèses fascinantes sur nos enfants doués.
Passant en revue une série d’idées reçues sur les enfants précoces qui se révèlent parfois justes et parfois totalement fausses, cet ouvrage vous amènera sans doute à adopter une vue plus nuancée et optimiste de la précocité intellectuelle. Être surdoué peut être un fardeau, mais c’est aussi avant tout une vraie chance à saisir. »
Le résumé d’HiPoCAMP
Nicolas Gauvrit part du postulat suivant : la plupart des écrits sur la précocité intellectuelle sont écrits par des praticiens, des parents ou des enseignants qui accompagnent quotidiennement des jeunes surdoués ; or leurs écrits sont forcément influencés par les « cas » qu’ils accompagnent : les praticiens accompagnant surtout des enfants « à problème », les parents ayant un nombre limité d’enfants, et les enseignants ne repérant qu’un nombre restreint d’enfants précoces, ces observations sont donc forcément partielles.
Nicolas Gauvrit a donc choisi d’écrire un livre qui se base sur les études scientifiques menées sur le sujet de la précocité intellectuelle, avec le souci de ne conserver que celles dont les méthodologies assurent des résultats fiables.
Les a priori sur le haut potentiel passés en revue
- Le haut potentiel intellectuel est-il héréditaire ?
- Le cerveau des jeunes surdoués est-il plus efficace ou plus puissant ?
- Les enfants précoces sont-ils réellement plus sujet à des troubles de l’attention ou à l’hyperactivité ?
- Dorment-ils vraiment moins bien que les autres ?
- Ont-ils plus de risque d’être atteints de dépression ?
- Compte-t-on plus de « Dys » chez ces enfants ?
- Ont-ils vraiment plus d’humour ?
- Sont-ils plus créatifs ?
- Sont-ils plus intelligents émotionnellement ?
- Sont-ils plus empreints de justice ?
A toutes ces questions, l’auteur apporte un éclairage scientifique. La réponse est parfois négative et remet en question nos croyances. Elle vient parfois réaffirmer ce que nous savons déjà. Et parfois, la science n’a pas assez produit de travaux pour aider à affirmer un postulat avec certitude.
Dans tous les cas, Nicolas Gauvrit expose l’ensemble des connaissances scientifiques relatives au thème abordé, que ce soit des études menées sur les enfants, des connaissances anatomiques ou encore des expériences (sur le fonctionnement du cerveau, le sommeil, …)
Les surdoués ordinaires : le vrai du faux sur les enfants précoces
Bien sûr, pour bien comprendre les conclusions, il faut lire le livre !
Voici tout de même un rapide aperçu des grandes conclusions données par Nicolas Gauvrit :
- Oui l’intelligence (et donc le haut potentiel intellectuel) est en partie liée aux gènes, même si la science n’a pas encore identifié l’ensemble des gènes qui déterminent l’intelligence. L’environnement dans lequel un enfant grandit a, lui aussi, son importance mais la part de l’influence de l’environnement diminue au fur et à mesure que le jeune haut potentiel grandit.
- Oui le cerveau des jeunes surdoués est différent de ceux des autres enfants. Toutes les observations scientifiques le prouvent. Mais la question de la poule et de l’œuf est entière : le cerveau des hauts potentiels est-il différent parce que l’enfant est précoce et développe des zones de son cerveau différemment des autres, ou est-on précoce parce que dès la naissance le cerveau est différent ? En effet, le cerveau est un organe évolutif : jusqu’à l’adolescence, la stimulation d’une zone du cerveau vient modifier le cerveau lui-même. Les jeunes précoces ayant des centres d’intérêts différents des autres enfants, ils viennent souvent stimuler plus fortement certaines zones de leur cerveau que les autres.
- On ne sait pas si les enfants précoces souffrent plus que la moyenne de Troubles de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH). Aucun consensus scientifique ne vient confirmer ou infirmer cette intuition. Il se pourrait que l’origine du TDAH observé chez certains enfants précoces soit différente (issu d’un manque de stimulation intellectuelle), de celle qui touche les autres enfants (limitation dans les capacités de gestion mentale).
- On ne sait pas si les enfants précoces ont un sommeil plus long ou plus court que les autres, ni s’ils sont vraiment plus sujets aux cauchemars. Les études scientifiques menées ne sont pas probantes. Mais si tel était le cas, l’explication d’une plus forte propension au cauchemar pourrait aisément s’expliquer par le fait que ces enfants font plus tôt que les autres face à des peurs existentielles (peur de la mort notamment) et ne sont pas assez armés pour les gérer.
- Non les enfants intellectuellement précoces ne sont pas plus anxieux que la moyenne, ils sont mêmes légèrement moins anxieux que leurs camarades. Ils ne sont pas non plus plus soumis au risque de dépression que les autres. Même si bien évidemment leur haut potentiel ne les immunise ni contre la dépression ni contre l’anxiété.
- Les enfants surdoués sont légèrement plus soumis que la moyenne à des troubles de l’apprentissage (Dys). Les raisons de cette légère propension ne sont pas encore bien comprises.
- Oui les enfants à haut potentiel ont plus d’humour que les autres au même âge. En tout cas ils ont un humour plus élaboré, plus tôt que les autres. On observe ainsi qu’à l’âge de 7 ans, ils ont un humour du niveau d’un adolescent de 12 ans. Mais cette précocité de la jeune enfance ne s’observe pas tout au long de la vie, à l’inverse de la précocité intellectuelle.
- Aucune étude scientifique n’a réussi à démontrer un lien entre haut potentiel intellectuel et intelligence émotionnelle. Cela étant sans doute aussi dû au manque de consensus scientifique sur l’intelligence émotionnelle elle-même.
- Oui il est prouvé scientifiquement que les hauts potentiels intellectuels sont plus créatifs que la moyenne. Par contre, à l’intérieur de la population des hauts potentiels, il n’y a pas de corrélation entre niveau de QI et niveau de créativité : un HP au QI de 135 sera forcément plus créatif qu’un enfant au QI de 115 mais ne sera pas forcément moins créatif qu’un HP au QI de 145.
Les surdoués ordinaires : l’avis d’HiPoCAMP
Enfin un livre qui sort des sentiers battus sur le haut potentiel intellectuel !
Ceux d’entre vous qui apprécient d’en apprendre toujours plus sur le fonctionnement de nos chers enfants précoces se régaleront. Ce livre ne vous donnera pas les clés pour mieux les accompagner au quotidien (d’autres ouvrages s’en chargent déjà !) mais il vous permettra d’acquérir une connaissance plus objective de la précocité intellectuelle, de relativiser tout ce que vous pouvez lire ou entendre sur leurs particularités.
Il est organisé par chapitre thématique avec un rappel des conclusions principales en fin de chapitre. Agréable à lire, il faut tout de même s’accrocher à plusieurs reprises pour bien comprendre le cheminement de pensée et de démonstration scientifique.
Attention ! évidemment, dire que les enfants HPI ne sont pas plus anxieux que les autres, ne signifient pas que votre enfant n’est pas plus anxieux que les autres.
Mais il veut surtout dire que précocité ne rime pas toujours avec difficultés. Quelque fois, nous mettons des étiquettes sur nos enfants (ou d’autres le font pour nous) : il va s’ennuyer, déprimer, avoir des troubles de l’attention, … c’est normal, il est précoce !
Ce livre se porte en faux de tous ces a priori, et cela fait du bien de se rappeler que la plupart des enfants HPI vivent très bien avec leurs particularités. Mais comme tout ce qui va bien, on en parle trop peu !
LA citation du livre :
Les enfants précoces qui n’ont pas de problème d’intégration, qui ne font pas de cauchemars et se plaisent à l’école ne consultent pas le psychologue, ni ne sont placés dans des structures particulières, et ne sont d’ailleurs bien souvent identifiés ni par les enseignants ni par les parents. C’est donc très souvent celle des enfants précoces « à problèmes » que l’on peut lire, et non celle d’une population bien plus variée, qui englobe nombre d’esprits épanouis.
Nicolas GAUVRIT