Comment motiver un enfant précoce ? Commençons pas comprendre le fonctionnement de la motivation

Pour comprendre comment motiver un enfant précoce, il faut d’abord comprendre comment fonctionne la motivation.

Commençons par revenir à la définition du mot.

Motivation signifie « Motif d’action » : c’est ce qui crée l’envie d’agir, d’avancer, de s’investir.

Elle est donc essentielle pour tous, y compris pour les enfants. Or, si la motivation est un enjeu central, travaillé par les théories de management, elle est peu étudiée pour un usage scolaire.

La motivation c’est la VIE !

Il existe une théorie peu  connue mais très utilisée en management afin de comprendre la motivation au travail. Cette théorie a aussi le mérite d’être un peu poétique en langue française : la théorie des attentes de Victor VROOM.

Poétique parce que la théorie de VROOM se résume en une équation simple :

MOTIVATION = VxIxE

Bref, en bon français (même si l’équation est en anglais), LA MOTIVATION C’EST LA VIE !

Avec cette théorie, VROOM explique que la motivation dépend de 3 facteurs :

• le niveau de la « valence » (V). La valence est l’attrait ressenti à l’égard des objectifs visés, la valeur que l’on donne à ces objectifs.
• le niveau de « l’instrumentalité» (I). L’instrumentalité est l’évaluation de la récompense que l’on obtiendra si l’on atteint les objectifs.
• le niveau de « l’expectation (E) ». L’expectation est le niveau de confiance quant à sa capacité à atteindre l’objectif fixé.

Vous l’aurez remarqué, il s’agit ici d’une multiplication et non d’une addition. Et vous savez tous que si l’on multiplie n’importe quel nombre par 0, on obtient un 0. Ainsi, si l’une des composantes de cette équation est trop basse, elle annule la motivation.

Comment motiver un enfant précoce ? l’exemple de l’alpiniste

Prenons un exemple :

• Demandez séparément à un alpiniste chevronné et un alpiniste débutant de monter l’Everest.
• L’alpiniste chevronné, qui a déjà gravi 3 fois ce sommet, aura un niveau de confiance fort dans sa capacité à réussir mais un attrait pour renouveler quelque chose qu’il a déjà fait plusieurs fois très faible.
• L’alpiniste débutant aura un attrait maximal mais une confiance dans sa capacité à réussir extrêmement faible 
• Dans les deux cas, Motivation = 0
• Maintenant demandez à l’alpiniste chevronné d’aider l’alpiniste débutant à réussir cet exploit. Le premier retrouvera de l’intérêt par l’utilité de sa montée, la transmission de flambeau qu’elle représente. Le second trouvera la confiance qui lui manquait. Tous les deux seront trouveront donc leur motivation.

Pourquoi la motivation d’un enfant HPI est difficile à trouver à l’école ?

Regardons maintenant comment cette théorie s’applique à nos jeunes HPI. Et plus particulièrement sur leur motivation à l’école.

MOTIVATION = VxIxE

Chez les enfants précoces qui performent à l’école, le niveau de confiance E peut-être très fort (même si nous connaissons tous le syndrome de l’imposteur que ressentent souvent ces enfants).

Leur niveau « d’Instrumentalité » I peut aussi être fort chez ceux qui recherchent la reconnaissance par les bonnes notes.

Mais leur niveau d’attrait V pour le contenu est souvent très faible car les répétitions nécessaires pour fixer la notion chez leurs camarades sont inutiles pour eux et viennent diminuer drastiquement l’intérêt de l’école, et des évaluations.

Ajoutons à cela que pour certains d’entre eux, l’intérêt pour la récompense (I) des bonnes notes n’est pas non plus présent.

On comprend donc aisément que la Motivation soit difficile à trouver pour ces enfants. C’est aussi pour cela que certains enfants précoces, à l’image de notre alpiniste chevronné, en profitent pour aider les autres élèves moins à l’aise.

Donner du sens et des challenges 

Pour augmenter leur niveau de V, les enfants HPI ont besoin d’être nourris de challenges intéressants qui les incitent à se dépasser. Pour cela, un dialogue doit être mis en place avec les enseignants pour qu’ils adaptent les cours, un saut de classe peut permettre de lever le niveau, ou des activités extra scolaires thématiques peuvent les aider à aller plus loin dans un sujet que l’école ne fait que survoler ou repousse à un âge plus avancé.

Ils ont besoin d’avoir un but qui leur permet de visualiser les apprentissages scolaires comme des étapes vers un objectif plus grand. Nous pouvons les y aider en les ouvrant à un maximum de sujets afin qu’ils trouvent leur sujet passion et aient enfin une destination à atteindre dans ce voyage scolaire qui peut leur sembler long. (voir notre article sur le besoin de sens des enfants et adolescents HPI)

Développer la confiance en soi 

Pour augmenter le niveau d’Expectation, nous devons aider les enfants HPI à développer la confiance en soi : aider nos enfants à mieux se connaître et à faire confiance à leur potentiel. Attention, il ne s’agit pas d’en faire des enfants imbus de leur personne, mais d’en faire des enfants (et plus tard des adultes) conscients de leurs capacités.

Les aider à comprendre quelle « récompense » les motive le plus 

Le niveau d’Instrumentalité est plus difficile à mobiliser. Il dépend de chaque enfant. Certains se contenteront des bonnes notes, d’autres trouveront leur propre satisfaction dans l’atteinte des objectifs, d’autres se fixeront eux-mêmes des challenges ou ces challenges leur seront apportés par ce fameux but qu’ils se seront trouvés.

Quelle conclusion pour la motivation de nos enfants et adolescents HPI ?

De nombreuses théories, dont celle de Vroom, sont étudiées et appliquées en entreprise pour développer la motivation des collaborateurs. L’école devrait sans doute plus s’inspirer de toute la littérature développée pour les entreprises afin d’en tirer des enseignements pour leurs élèves (voir notre article sur l’accompagnement des HPI en entreprise)

Chez HiPoCAMP, nous trouvons l’inspiration en dehors des murs de l’école ou de la psychologie pédiatrique pour aider les enfants et adolescents précoces à trouver leur motivation.

Pour cela, nous voulons les aider à trouver leur but, à relever des challenges qui les nourrissent et leur demandent de l’effort (V), à développer leurs capacités et les mettre en relation les uns avec les autres pour prendre conscience de leur potentiel, et ainsi avoir confiance en eux (E), à trouver une récompense (I) par la satiété intellectuelle, la relève de défis qu’ils se seront eux-mêmes fixés.

Et vous qu’est-ce qui vous motive et motive vos enfants ? Quels sont vos V.I.E ? Quels sont les leurs ?